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Et si le travail du deuil n’était pas seulement indispensable pour soi, mais aussi pour sa famille ? Et si la portée d’un deuil était plus large que celle de l’individu ? Vous l’avez probablement beaucoup lu : réaliser son cheminement de deuil est nécessaire pour se reconstruire soi, se retrouver personnellement et avancer dans sa propre vie. Oui, mais pas seulement. Au-delà de l’importance que le processus de deuil revêt pour chacun, il en va de l’impact sur toute la famille également. Sur l’arbre dans sa globalité.

Deuil non fait : quand l’impact généré par le décès est étouffé

Dans une famille, il arrive qu’un deuil reste bloqué parce qu’il est trop dur d’en parler, parce que certains ont demandé le silence à ce sujet ou parce que les circonstances de la mort sont devenues tabou. L’impact émotionnel généré par le décès est étouffé. Or cet impact est bien réel !

Du fait de cet étouffement, le décès de la personne conservera sa charge traumatique et émotionnelle très forte pendant des années. Le risque ? Que l’on retrouve des répercussions sur les générations futures un peu partout dans l’arbre généalogique. En effet l’onde de choc du décès perdure tant que ce travail de mémoire n’est pas réalisé.

C’est ainsi que dans certaines familles, l’on retrouve des personnes hermétiques à la tristesse (celle des autres ou la leur) et souffrant des conséquences de ce blocage émotionnel. Cela se traduit par des troubles du comportement, une empathie déréglée, des douleurs corporelles fortes, une tendance à l’autodestruction ou encore des états dépressifs…

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Tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime

Car « tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime ». Le décès dont le deuil n’a pas été réalisé par la famille, même s’il est intervenu une à deux génération(s) au-dessus, continue de peser sur les descendants. Cela se traduit parfois par des interdictions de choisir certains métiers sans en comprendre les raisons. Dans une famille qui a perdu un de ses membres à la guerre et dont le deuil n’aura pas été fait, on pourra constater que quiconque s’interdira de devenir gendarme, policier, soldat mais aussi reporter de guerre, membre d’organisations ONG sur des territoires en conflits, pompier.

Dans une autre famille, le deuil non fait peut se traduire par l’apparition de mots tabous. Si une personne s’est suicidée par pendaison, il sera interdit de prononcer le mot « pendu », « suicide », mais cela peut être encore plus subtil. Un enfant qui dirait « suspendre mon manteau » se verrait demander de « l’accrocher ». La « pendaison de crémaillère » deviendrait « une fête d’emménagement ». On se raidira quand un invité dira que son enfant est « tout le temps pendu à son cou » etc.

À lire : Deuil après un suicide : un long processus

Deuil non fait : des injonctions paradoxales

J’ai également pu observer des familles touchées par des deuils non reconnus (suite à un IVG, une fausse couche ou un enfant mort-né…) dans lesquelles certains sujets étaient systématiquement évités. Si, à l’occasion d’un projet de loi ou encore de la sortie d’un film, un membre de la famille tente d’interroger une mère ou une grand-mère pour connaître son vécu à ce sujet, on lui rétorquera le plus souvent « que c’était une autre époque », que « l’on ne se souvient plus des circonstances », que « ça n’a pas d’importance puisque la vie reprend toujours le dessus ».

Quand le travail de deuil n’est pas engagé dans sa dimension familiale, on observe également des injonctions paradoxales sur certains membres. Je pense notamment à une sœur cadette ayant survécu à un accident qui a coûté la vie à son aînée. D’un côté, on souhaitera à cette jeune femme de s’épanouir tout en cherchant à la retenir dans la maison, en lui empêchant d’accéder à des études supérieures. De manière inconsciente bien entendu.

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Se libérer d’un passif émotionnel

Un travail de libération des mémoires familiales, notamment dans le cadre de la psychogénéalogie, thérapie de l’analyse transgénérationnelle, peut être précieuse dans ce type de situations. En psychogénéalogie, nous considérons que nous portons en nous l’héritage psycho-émotionnel des générations qui nous ont précédées. En effet, nous héritons bien plus que la couleur de nos yeux ou de notre peau ! Nous héritons aussi d’un passif émotionnel.

Si vous sentez qu’un travail de deuil n’a pas pu être réalisé dans votre famille, un thérapeute spécialisé en psychogénéalogie peut vous aider. Il entreprendra de comprendre ce qui s’est passé, et enfin à libérer la parole au sujet de ce décès. De la même façon, si vous avez commencé à cheminer personnellement suite à un décès mais que le sujet est délicat à aborder avec certains membres de votre famille, un praticien pourra vous accompagner en douceur dans cette démarche globale. En répondant à quelques questions, Happy End sera en mesure de vous recommander un professionnel de confiance.

Ludivine Morin est sophrologue et psychogénéalogiste, fondatrice de Lianes

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