Un évènement, une histoire à partager à la communauté Happy End ? Je partage mon témoignage

À 36 ans, Sarah Belmas dessine la mort sous tous ses aspects avec des strips de BD qu’elle partage sur les réseaux sociaux. Illustratrice depuis plusieurs années, elle affirme sa volonté de sortir la mort du silence et de libérer la parole.

Le meilleur moyen de faire face à la mort est de l’affronter 

“Toute petite, ma grand-mère m’emmenait régulièrement au cimetière voir la tombe de mon grand-père.” Dès l’âge de 5 ans, des questionnements naissent dans la tête de Sarah. “Je me souviens avoir été très angoissée par des choses comme la décomposition du corps après le décès ou l’existence ou non d’une vie après la mort.” Lorsqu’elle découvre les chansons de Mylène Farmer quelques années plus tard, elle se sent enfin comprise. “Cette femme avait une façon totalement décomplexée de parler de la mort et ça me faisait du bien. J’ai compris que le meilleur moyen de vaincre ma peur de la mort était de la confronter. Pour ça, la fiction m’a donc aussi accompagnée. Elle me permettait de visualiser la mort de façon concrète. » 


J’étais tellement seule que j’avais peur de puer la mort 

« Avec ma mère, j’avais la chance de parler librement de la mort. Malheureusement, elle est morte quand j’avais 24 ans. » Suite à la perte de sa mère, le besoin de parler de la mort persiste. « J’ai voulu donner les détails du décès de ma mère et mon entourage l’a très mal pris. Mes proches se sont beaucoup éloignés dans une période où j’avais besoin de leur soutien. » Ce rejet, Sarah le vit alors comme une grande souffrance. « J’étais tellement seule que j’avais peur de puer la mort. »

L’expression artistique est celle de tous les possibles

« Un jour, je me suis mise à parler de la mort avec mes strips BD. » Contre l’auto-censure, l’illustratrice décide de ne pas s’imposer de limites. A travers ses dessins, elle aborde le sujet avec légèreté et sans prendre des gants. “Si je touche quelques personnes grâce à mes posts, et que j’invite à la réflexion sur leur rapport à la mort, c’est gagné.” Les témoignages qu’elle reçoit en messages privés sont la preuve d’un objectif atteint. “Une jeune femme qui a perdu son compagnon m’a écrit pour me dire que mes strips lui faisaient beaucoup de bien. Puis, quand j’ai parlé de la sensation d’amputation suite à un deuil, de nombreuses personnes m’ont écrit car ils avaient eux-même ressenti ce symptôme sans savoir qu’il pouvait être associé au deuil.” 

Mettre en avant des familles en deuil avec le dessin est une évidence 

Récemment, l’illustratrice a reçu une commande qui l’a profondément marquée. Une femme m’a contactée pour réaliser le portrait de sa famille avec leur enfant décédé.”

“Mettre en lumière des familles en deuil avec le dessin est apparu comme une évidence.” Depuis, Sarah s’intéresse de plus près au deuil périnatal et découvre un silence oppressant. “J’aimerais tellement que davantage d’illustrateurs.trices s’emparent de ce sujet tabou. Il faut absolument le sortir du silence !” Avant l’invention de la photographie, il était presque d’usage de commander le portrait de son enfant défunt. Ces dessins ou peintures permettaient de conserver une trace de leurs visages dans les mémoires et d’apaiser le chagrin de la famille. « Malheureusement, aujourd’hui, on cache les défunts car les gens ne veulent pas regarder la mort en face et c’est dommage. J’espère changer ça avec mes dessins. » Un joli projet qui mérite d’être suivi 🙂

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