Nous sommes de plus en plus seuls face à la mort. Paradoxalement, si la médecine tente de rendre la mort plus douce et moins douloureuse, peu de gens se préoccupent de la souffrance mentale des personnes proche de la mort. Le métier de thana doula, death doula ou doula de fin de vie est là pour combler ce vide.
D’où vient ce métier ?
Les doulas existent depuis la Grèce Antique. Ce sont des personnes qui apportent un soutien moral et pratique aux femmes enceintes, durant l’accouchement et la période qui suit. Aux Etats-Unis, les femmes qui ont recours à cet accompagnement non médical sont chaque années plus nombreuses et les hôpitaux acceptent volontiers leur présence, conscients des bienfaits de cette collaboration. En France aussi, le nombre de doulas de naissance évolue aussi, notamment grâce à l’association Doulas de France, créée en 2006. Mais le monde médical a encore du mal à leur faire leur place.
Le concept de death doula est, quant à lui, né en 2003 dans un département de soins palliatifs à New York selon un rapport de Global Wellness. Un employé frustré du peu de soutien réservé aux personnes en fin de vie réfléchit à leur accompagnement. Comment soulager leur anxiété et leur tristesse ? Faire en sorte qu’elles ne meurent pas seules ? Comment diminuer le stress des proches ? Pour y répondre, il met en place la première formation professionnelle de death doula, un métier parfois aussi appelé « sage-femme de fin de vie » ou bien « guide de transition ».
Lire le témoignage de Nathalie Bonafé, death doula
Quel est le rôle d’une thana doula ?
La thana doula doit mettre en place un environnement serein, de confiance et propice à une fin de vie paisible. Son support est à la fois logistique, psychologique et émotionnel, avant et durant le décès. Elle considère la mort comme une étape de la vie à part entière, une étape qu’on ne doit pas laisser de côté. Chaque expérience avec une personne mourante est unique, la thana doula invente ou remet en place des rituels personnels positifs. Elle est là pour échanger à propos des craintes et angoisses de la personne en fin de vie. Elle aide à planifier ses dernières volontés ainsi que l’environnement dans lequel elle partira. La doula peut ainsi organiser un rituel, dire une prière, chanter une chanson… au moment du décès.
Lire le témoignage de Anthéa, doula de fin de vie en France
Son rôle est également de prévoir l’après. La personne souhaite-t-elle un enterrement ou une crémation ? A-t-elle rédigé son testament ? Où iront ses affaires ? Que faire de ses réseaux sociaux ? Autant de questions que les death doulas posent et résolvent. Pour finir, elles s’occupent de la mémoire du défunt et parfois de façon très créative : avec des livres de mémoire, des souvenirs vidéo, des lettres ou même des scrapbooks.
Et en France ?
Le métier de thana doula se propage aux Etats-Unis, en Angleterre, au Canada, en Australie, au Mexique… Aux Etats-Unis, de nombreuses associations se sont créées. La première était l’International End of Life Doula Association, il en existe aujourd’hui une dizaine d’autres.
La Suisse, et plus particulièrement l’Institut de recherche et de formation à l’accompagnement des personnes en situation difficile, vient de lancer une formation certifiante de doula de fin de vie. Si nos voisins le font, pourquoi pas nous ? En France, on accuse un retard sur le sujet de la fin de vie et de son accompagnement. Il n’existe, à ce jour, pas de formation professionnelle délivrant le statut de Death doula mais on l’espère vivement, convaincus, que cet accompagnement contribue à une morts plus heureuse et apaisée.
Découvrez le reportage de RTS sur les thana doulas
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