Merci de rencontrer cette urne
Où j’attendais nos adieux
Je sais qu’elle est indéchiffrable
Et si petite à vos yeux
Peut-être voudrez-vous la toucher d’abord
La porter un peu dans vos bras
Ou juste l’effleurer des yeux ?
Ne vous arrêtez pas aux instants
Où nous n’avons pu être ensemble
Prenez le temps nécessaire aujourd’hui
Pour vous rappeler mon sourire
Accueillir un peu qui je fus
Entre le berceau et la cendre
Me chanter encore une chanson
Ou laisser vos larmes couler
L’amour est plus fort que la peine
Et que le poids de nos confins
Vous voilà enfin réunis
Pour célébrer mon départ
Il est bientôt l’heure d’ouvrir le vase
Et de me rendre au mystère
*
Confiez ma poussière à l’air libre, au souffle caché
Laissez la flotter, se défaire ou tomber en pluie violente
Jusqu’à toucher l’herbe
Où je me reposerai
Avant de revenir un peu
Dans la lumière ou le vent
N’ayez pas peur
Ce sont seulement mes os qui s’échappent
En fine poudre de vivant
N’ayez pas peur
L’amour ne s’en va pas
Mon coeur est toujours dans le vôtre
Ma voix un peu dans votre chant
Mettez s’il vous plaît ma poussière dans l’air, dans la frontière
Entre ciel et sol un moment
Mettez-la à bénir la terre
Dans le jardin d’amour du temps
Parsemez des fleurs sur ma cendre
Chuchotez-moi si vous voulez ce qui n’a pu être dit
Versez le temps qu’il faudra vos larmes d’amour
Et je vous reviendrai un peu
*
Laissez le vent désormais
Vous parler de ce que je fus
Laissez les herbes frémir
Et caresser votre peine
Laissez mon nom revenir
A la mémoire du coeur
Je fus passant parmi les hommes
Je fus danseur de la vie
Rendu à l’herbe tranquille
Offert au souffle et au vent
En franchissant l’invisible
Je danserai autrement
*

Florence Plissart, poète

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