Traverse de Maïa Mazaurette, une histoire de deuil « pas triste du tout »


« Le 23 juin, ça fera sept ans que Soren est mort. C’était mon fiancé. Il avait 29 ans. Son cœur a cessé de battre (…) J’aurai adoré trouvé un coupable, une maladie, un chauffard, une chute de météorite (…) mais Soren est mort sans raison, par surprise dans un champ de lavande. »

Dans le podcast Traverse, Maïa Mazaurette, journaliste au Monde et pour l’émission Quotidien, nous plonge sept ans en arrière. Le jour du décès brutal de son fiancé Soren et ceux qui ont suivi. Avec sa plume sensible, sa curiosité et sa témérité exceptionnelles, elle partage avec nous ses traversées. « Si j’ai décidé sept ans après de raconter mon histoire, pas du tout triste, c’est que je l’ai vécu de façon pas du tout bureaucratique. Je vais vous raconter comment les vivants traversent la mort – en l’affrontant, pas en l’évitant. »

En effet, Maïa a veillé le corps de l’homme de sa vie à l’hôpital (sans passer par la case déni, cette étape du deuil tant décrite par les spécialistes), a assisté à sa crémation entièrement (ce qui est interdit en France mais pas au Danemark dont Soren était originaire), a partagé une dernière nuit avec lui dans la crypte d’un célèbre monument du Danemark, et fait la fête car « s’il est possible de mourir à 29 ans, alors rien n’est plus urgent, rien n’est plus incontestablement utile que de se poser tous ensemble pour faire la fête, danser et s’embrasser à la lumière des bougies ».

En France, la mort est une abstraction

Chaque épisode est captivant. Des os non brûlés après trois heures de crémation à 1040 degrés, aux ongles retrouvés dans une poche de manteau six mois après, Maïa ne nous cache rien de ce que la mort produit, en elle et autour d’elle. Entre récit intime et description détaillée, elle porte une parole forte sur le besoin de rites sur-mesure, sur les absurdités de la bureaucratie funéraire, sur la façon dont on délègue nos morts à d’autres par peur ou méconnaissance.

« En France, la mort est une abstraction. Les cercueils sont homologués, les concessions sont dûment payés, les cendres, pas dispersées comme on veut. C’est quand même fou de pas pouvoir disposer des cendres ! », fait-elle remarquer. Maïa, elle, a tout vécu comme elle a voulu, a su affirmer ses besoins, ses choix. Et aujourd’hui, elle l’affirme : « mon deuil ne me contraint plus à rien ». Maïa est retombée amoureuse deux mois après. Et on s’en réjouit. Un podcast utile, passionnant et bouleversant !

A écouter sur le site de France Inter et toutes les plateformes d’écoute.

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