Deuil pathologique : quand faut-il s’inquiéter ?


Si le deuil se déroule selon un processus qui comporte plusieurs phases (choc, déni, colère, tristesse, résignation, acceptation et reconstruction), chaque deuil est unique car il évolue en fonction de sa personnalité, du contexte de la perte, de sa capacité de résilience ou encore du rapport entretenu avec l’objet de la perte. Il peut faire surgir chez certains endeuillés des troubles et des comportements dangereux, nécessitant un suivi psychologique. On l’appelle alors le deuil pathologique.

Le deuil pathologique : une maladie reconnue

Le DSM 5, manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux a reconnu en 2015 le deuil pathologique comme une maladie à part entière, qui fait intervenir des symptômes et requiert des soins psychiatriques. En effet, les troubles peuvent se manifester chez un endeuillé à la suite d’un décès, même si la personne n’a pas d’antécédent psychiatrique et persister sur le long terme. Comme dans le cadre d’un deuil compliqué, le deuil pathologique est souvent visible lorsque la perte survient de façon brutale, inattendue, violente ou encore injuste (suicide, meurtre, perte associée à des procédures pénales ou administratives…)


Les différents deuils pathologiques

Il existe plusieurs sous-catégories qui permettent de classifier le deuil pathologique :

Les deuils pathologiques psychiatriques (perte totale de contact avec la réalité)

  • Le deuil hystérique : est caractérisé par la manifestation “bruyante” du deuil accompagnée de comportements autodestructeurs, le refus de quitter le corps, l’intégration des traits de la personnalité ou de l’apparence physique du défunt.
  • Le deuil obsessionnel : l’endeuillé souffrant de deuil obsessionnel va se concentrer sur les démarches après décès (organiser les obsèques, gérer l’héritage…) jusqu’à intérioriser les émotions générées par la perte du proche. La culpabilité va ensuite apparaître, . L’endeuillé va alors tomber dans un état dépressif qui va bloquer le travail du deuil et toucher tous les aspects de sa vie (social, professionnel…). Il va rejouer des moments précis passés en compagnie du défunt et les analyser de façon répétitive. C’est une lutte mentale qui provoque généralement des tentatives de suicides.

Les deuils pathologiques névrotiques

  • Le deuil maniaque : cette réaction est généralement brève. La personne endeuillée semble “ignorer” le chagrin et même nier le décès. Elle présente une humeur décalée et très changeante, des idées délirantes, des insomnies, des conduites d’achats compulsifs inhabituels et de la mégalomanie.
  • Le deuil mélancolique : à la suite de la perte d’un proche, les qualités positives d’un endeuillé peuvent être fragilisées tandis que ses “défauts” et comportements destructeurs persistent. 

A lire : Les 5 étapes du deuil selon Kübler-Ross 

Les symptômes caractéristiques d’un deuil pathologique

Dans le cadre d’un deuil pathologique, des symptômes caractéristiques accompagnent le processus. Ceux-ci entravent alors le déroulement du processus de reconstruction.

  • Le stress post-traumatique : après un deuil, les endeuillées peuvent souffrir de troubles psychothérapiques générés par le stress post-traumatique. On peut alors observer de façon fréquente une anxiété généralisée, des attaques de panique, des troubles du sommeil et de la concentration.
  • Le ralentissement psychomoteur : il correspond aux troubles émotionnels. La mélancolie, une baisse de l’estime de soi, la présence d’idées suicidaires font partie d’un ensemble de comportements.
  • L’épisode maniaque : Ce phénomène n’apparaît pas de façon immédiate après le décès d’un proche. Il intervient généralement lors d’un deuil pathologique maniaque. Lorsque cette étape se déclenche, l’endeuillé traverse une période de déni. Celle-ci peut aller jusqu’à refuser d’admettre le décès. Il va donc vivre dans une sorte de bulle qu’il a lui-même créée pour se protéger de la réalité.
  • Les troubles psychotiques : Le choc à la suite de l’annonce d’un décès peut réveiller un état mental qui évoluait depuis quelque temps chez la personne endeuillée. Il est donc possible de constater des délires chroniques à la suite d’un deuil pathologique (schizophrénie, paranoïa…).

Traiter le deuil pathologique avec un suivi

Un accompagnement est nécessaire dans le cadre du deuil pathologique. Il permet de protéger l’endeuillé et ses proches face au développement de certains comportements dangereux. Ce suivi peut s’effectuer de deux manières.

A la suite d’une évaluation des symptômes observés chez le patient, un praticien pourra proposer un traitement médicamenteux. Dans la plupart des cas, il s’agit d’antidépresseurs, d’anxiolytiques pour les troubles anxieux ou encore des neuroleptiques.

La mise en place d’un suivi psychothérapique est nécessaire pour accompagner la personne dans sa guérison. En fonction de l’état mental du patient, le psychothérapeute déterminera quelle est la thérapie la plus adaptée. La thérapie cognitivo-comportementale est utilisée pour identifier les pensées “irrationnelles” générées par un épisode maniaque et les modifier.

Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à recourir à des thérapies adaptées comme l’EMDR et l’EFT.

Lire aussi : 


Décès accidentelDeuilHomicideSuicide