Comment survivre à la disparition d’un animal de compagnie, les conseils de Michel Fize


Août 2019. Je suis en congés en Vendée, là où Will était venu il y a juste cinq ans pour ses premières et dernières vacances sur la côte. Moins d’un an plus tard, le 14 avril 2014, vers onze heures du soir, il s’éteignait dans ma maison d’Avallon.

Je suis aujourd’hui avec Nell, mon troisième labrador sable, âgé de vingt-deux mois. Un chien turbulent s’il en est ! Car, entre Will et Nell, il y a eu Alec, labrador de 11 ans, que j’avais recueilli – accueilli plutôt – en octobre 2016 et brutalement décédé dans la rue d’une crise cardiaque le 4 juillet 2018.

Cet après-midi, comme tous les jours, je promène Nell, mais le cœur n’y est pas vraiment. Will me manque. Son calme, sa douceur, sa joie de vivre. Je poserais volontiers ici l’hypothèse que la disparition d’un animal de compagnie que l’on a beaucoup aimé est irréparable, le chagrin inépuisable, et que dès lors on entre dans un long processus de survie.

Un processus de survie

En effet, la disparition d’un animal de compagnie, qu’il soit chien, chat, cheval, souris, rat ou autre, peut être le drame d’une vie, le drame absolu. La douleur alors ressentie est à la hauteur de l’attachement que l’on avait avec l’animal, devenu souvent un véritable ami.

Pour avoir vécu ce drame deux fois, je sais le désarroi qui s’installe alors en nous, jusqu’à parfois nous faire perdre le goût de la vie.

Évidemment, autour de soi, tout le monde n’est pas dans la compréhension de ce formidable chagrin qui nous étreint, ou nous brise même. La formule « ce n’était qu’un chien » revient souvent dans la bouche de certains de nos interlocuteurs. Ou bien encore : « Prenez-en un autre, ça ira mieux ensuite ». Ne prêtez pas attention à ces propos, ne cherchez pas à convaincre de la profondeur de votre chagrin. Il est des gens inaccessibles à toute empathie.

J’aimerais ici, à la lumière de mon expérience, partager avec vous quelques conseils.


Apprivoiser le chagrin

Premièrement, il ne faut pas avoir honte de ce chagrin, et encore moins honte de l’exprimer. La peine ressentie est normale. Toute séparation d’avec un être vivant, qu’il soit homme ou « bête », est une tragédie dont on se remet difficilement. Il n’y a jamais de résilience, jamais d’autre vie, jamais de renaissance. On poursuit la vie d’avant, amputé d’un être cher. On ne peut que s’accommoder d’une vie désormais tronquée. La résilience est une idée émise par des nigauds pour d’autres nigauds qui l’accueillent comme un miracle à venir.

Il faut juste apprivoiser le chagrin, pouvoir le dire à quelqu’un de confiance si on en ressent le besoin.  Ce peut être une tierce personne, étrangère à l’entourage immédiat, comme une permanence téléphonique, ou un groupe de parole.

Ensuite, il faut apaiser ce chagrin par une mise ou une remise en activité, professionnelle ou associative par exemple. Rien n’est pire que de rester 24 heures sur 24 en tête à tête avec son chagrin, qui alors se nourrit au lieu s’atténuer.

Un autre animal de compagnie après la disparition du premier ?

Que faire après la disparition d’un animal (mort, enlèvement ou une fugue sans retour) ? En reprendre un autre ? Immédiatement ? Après un certain temps ? N’en reprendre aucun ? Reprendre un animal de la même race, du même âge ? De la même couleur ? Un animal ressemblant ? Pas ressemblant ?

N’écoutez pas ce qui se dit. Il n’y a pas de règles. Chacun fait comme il l’entend, comme il peut. Pour ma part, j’ai attendu un an et demi avant de reprendre un nouveau chien. Et j’en ai repris un de la même race, de la même couleur, du même âge. Will avait environ 11 ans à son décès et Alec avait ce même âge à son arrivée chez moi.

Profiter de chaque journée

Un dernier conseil. N’oubliez jamais que votre animal mourra un jour. J’avais oublié cette idée pourtant évidente de mort avec Will ! Quand Alec est entré dans ma vie, je me suis donc dit tous les jours, le regardant parfois dans les yeux : « Je sais que tu vas mourir ». Alors j’ai profité de chaque journée avec lui comme si c’était la dernière. Pour n’avoir aucun regret. C’est pourquoi, la mort d’Alec ne m’a pas ébranlé comme celle de Will : j’avais amadoué mon chagrin. Mais ce chien me manque aussi, soyez-en sûrs.

Michel FIZE est sociologue, retraité du CNRS. Après la perte de son premier chien, il a écrit Merci Will et à bientôt et Le retour de Will (Ed. LGO) (à commander directement auprès de l’auteur au 06.07.06.01.65) . Il a également mis en place une permanence téléphonique (06.07.06.01.65) et projette d’installer, à la fin de l’année, à Paris dans un premier temps, un groupe de parole en faveur des personnes endeuillées à la suite de la disparition de leur animal,  en partenariat avec la Fondation pour l’assistance aux animaux.

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