Deuil animalier : et si les tabous étaient en train de tomber ? 


Aujourd’hui, plus d’un foyer français sur 2 possède un chat, un chien ou autre animal de compagnie (50,5%). Des adoptions toujours plus nombreuses, un attachement toujours plus grand mais une question qui reste encore en suspens : comment appréhender la fin de vie de nos petits compagnons et le deuil animalier ? 

Le 22 janvier 2023, l’influenceuse, Julie Bourges alias Douze Février, annonçait à ses 63 000 abonnés Instagram la perte de son chien, Iron : « Mon cœur est déchiré. Dévasté. Tu m’as forgée, soignée par la pureté de ton âme. » Un post commenté par des milliers d’internautes :  « Ça va faire trois ans et il arrive que les larmes jaillissent encore de manière intense et fortuite », « Je me prépare à affronter cette dure étape avec mon petit chat qui vient d’être diagnostiqué d’un cancer », « Ils sont irremplaçables. » Sur le sujet du deuil animal, les langues se délient petit à petit.

Un lien renforcé par la crise

Au cours des dernières années, la place de l’animal au sein du foyer a largement évolué. Et notamment lors de la pandémie de Covid-19, qui a vu le nombre des adoptions exploser. La population des Mistrigri et autres minous est ainsi passée de 14,2 millions à 15,1 millions en seulement deux ans, entre 2018 et 2020 (+6,6 %). « La crise a largement aidé à modifier la dynamique de la relation entre l’animal et le propriétaire. Sans la possibilité de sortir, les gens ont pu ressentir les bienfaits de la présence de leur animal dans leur quotidien. En tissant des liens, ils ont alors commencé à l’envisager comme un membre de la famille« , explique Irène Combres.

Amoureuse des animaux depuis toujours et ancienne bénévole dans des refuges, Irène voyait arriver bon nombre de personnes désemparées après le vide laissé après la mort de leur animal. Ainsi, elle a fait du deuil animal sa spécialité. Elle est aujourd’hui sollicitée par de nombreux propriétaires. Ils lui demandent d’être présente lors de l’euthanasie de leur animal ou de les accompagner dans leur deuil.

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Deuil animalier : la douleur des propriétaires prise en compte par les vétérinaires

Une oreille attentive et compréhensive à l’écoute de leur chagrin. Car bien au-delà des circonstances douloureuses du décès de l’animal, qu’il s’agisse d’un accident ou d’une maladie, l’entourage a souvent du mal à comprendre la peine induite par cette perte. Pourtant, c’est souvent tout un quotidien qui se trouve chamboulé, entre moments de balades perdus et panier vide. « À ce moment-là, les propriétaires veulent tous être rassurés. Ils souhaitent entendre que la tristesse et la souffrance qu’ils ressentent sont des émotions valides », explique Irène, qui récuse notre besoin persistant de placer le deuil sur une échelle. « En France, le deuil est catégorisé et malheureusement, la perte d’un animal se trouve dans la dernière catégorie. »

Pour accompagner les familles en deuil, les vétérinaires ont dû modifier leurs habitudes. Certains se sont formés à l’accompagnement de la fin de vie, tandis que d’autres ont fait évoluer leur service après-décès. « Il y a quelques années, le vétérinaire remettait la dépouille de l’animal dans un sac-poubelle pour que la famille l’enterre sur sa propriété. Aujourd’hui, une telle pratique est inconcevable et choquante. Il y a cette notion de respect du corps de l’animal, qui nous a apporté tant de choses au cours de notre vie. Les vétérinaires le comprennent et privilégient donc d’autres solutions comme des petites boîtes en carton, plus douces », confie Irène.

Pour accéder à d’autres ressources sur le deuil animalier, effectuez le parcours Je vis un deuil.

Des obsèques personnalisées pour les animaux de compagnie

De plus en plus de familles tiennent aussi à offrir des funérailles à leur animal afin de lui rendre hommage. Face à cette demande, nouvelle, des sociétés de pompes funèbres animalières sont en train de voir le jour. Les services sont en tout point similaires à ce qui est proposé lors de cérémonies d’obsèques. Organisation d’une cérémonie, suivie d’une crémation individuelle ou collective… « Comme pour la perte d’un proche, les pompes funèbres font de ce dernier adieu le moment le plus doux possible. Ils peuvent par exemple afficher le nom de l’animal sur la porte de la salle du crématorium ou mettre à disposition des salles de recueillement pour les familles. » Une prestation funéraire, oscillant entre 50 et 300 euros, à laquelle s’ajoute parfois l’achat d’une urne funéraire pour animal ou d’un bijou afin de conserver les cendres sur soi. Une façon d’entretenir le lien malgré la perte.

Si vous souhaitez être accompagné.e suite à la perte de votre animal, contactez une de nos thérapeutes spécialisées dans l’accompagnement du deuil animalier :

Vous pouvez aussi participer à un groupe de parole autour du deuil animalier :

Le 4 avril 2023, Irène Combres a inauguré la première édition des Cafés compagnons organisés par Happy End l’Asso. Cet espace de parole est destiné aux maîtres ayant perdu leur animal de compagnie. Il permet de s’exprimer et d’être écouté dans un environnement convivial et bienveillant avec d’autres personnes qui partagent le même vécu. Une prochaine date aura lieu bientôt. Rendez-vous ici pour vous inscrire.

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