Dernier hommage : comment j’ai personnalisé la cérémonie de mon père


Mon père est mort brutalement.

Et tout est allé très vite !

En tant qu’aînée, je me suis retrouvée avec la charge de l’organisation de ce dernier hommage.

C’était un accord tacite.

C’est allé si vite que j’ai fait l’économie de bien des questions (elles reviendraient vers moi plus tard…).

« Comment faut-il s’y prendre pour organiser une cérémonie laïque ? »

Je ne me le suis pas demandée ! Et je n’ai pas demandé conseil.

Un dernier hommage personnalisé

J’ai suivi les injonctions intérieures qui me guidaient vers la recherche de quelque chose de personnalisé. Il me semblait évident que les textes que nous choisirions de lire ou d’écrire ; que les morceaux de musique que nous sélectionnerions, seraient « comme il faut ».

J’avais un fil conducteur (une seule question en tête) : « Qu’aurait-il voulu, lui ? »

J’ai demandé à mes proches s’ils voulaient écrire quelque chose avec moi, s’ils avaient envie de choisir des chansons, d’intervenir pendant l’hommage.

J’assumais l’idée de « devoir » rédiger le mot d’accueil. Malgré la peine, je m’appliquais.

Sur ma page gribouillée de notes, je me suis mise à évoquer ce qu’il représentait pour nous. Notre tristesse, notre tendresse. L’épaisseur de l’absence : au présent. Et les réserves de souvenirs passés. Le Bien et le Mal qu’il avait fait, aussi.

Les pompes funèbres (*) ont-elles cédé face à ma détermination tranquille?

Je n’en ai rien su; elles m’ont juste soutenue, en assumant l’aspect logistique, sans contrarier ma démarche.

La famille a composé, avec moi, la trame de ce dernier moment à partager.

Et le jour venu, chacun a pris sa place.

Je me suis retrouvée « devant », en chef de file, sous le regard chagriné de chacun.

Pour « ouvrir le bal », j’aurais voulu pouvoir parler d’une voix épaisse… que je n’ai pas !

Au lieu de ça : j’étais sans voix … emmêlée d’émotions.

Sur l’estrade, ma cousine était à mes côtés, c’est elle qui a prêtée sa voix.

Par chance, mon père avait eu la bonne idée de mourir sur la terre de ses ancêtres !

Je ne pensais pas que nous serions nombreux, réunis. Nous sentir reliés était apaisant.


Pas besoin d’un prêtre pour communier

En écoutant la chanson de Nougaro : « Dansez sur moi »,  j’ai pensé que mon père avait raison ! La présence d’un prêtre n’était pas obligatoire pour « communier »

Après : un petit goûter nous attendait…

J’avais pris le temps de dire à tout le monde que je n’attendais pas d’eux qu’ils « restent ».

Plantés là. (Par devoir ?)

À assister au moment de la crémation.

Un à un, ils se sont éclipsés.

À la fin, quelqu’un est venu me voir.

Pour me dire : « Ah bon ? On a le droit !? Je ne savais pas que ça pouvait être comme ça « …

Une cérémonie laïque simple et authentique. C’est ça que je veux : pour moi !! »

Je venais de passer ce drôle de « rite de passage » : offrir un dernier hommage à un être cher.

(*) Je n’avais pas choisi les pompes funèbres… Mon père est mort « sur la voie publique », il a été amené chez les pompes funèbres du coin et mis dans les mains d’un médecin légiste. Pour être juste, il n’a jamais quitté la Vie « sur la voie publique ». En réalité, il est mort, à l’aube, sur l’une de ses plages préférées ! Un (heureux) hasard fera que je saurais de façon formelle (5 ans plus tard) que ce n’était pas un suicide. Mais une mort naturelle.

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