Et si consoler, c’était avant tout être dans une présence aimante ?


« Les consolations, c’est tout ce que l’on espère, ou que l’on offre, quand le réel ne peut être réparé. C’est tout ce qui nous relève, écarte pour un instant nos désespoirs et nos résignations et ramène doucement en nous le goût de la vie. » C’est par ces mots que Christophe André démarre son nouvel ouvrage Consolations, Celles que l’on reçoit et celles que l’on donne. Un livre qui m’a particulièrement touchée. Parce qu’il est plein de douceur, d’empathie, qu’ils révèlent nos peurs de ne pas être à la hauteur, mais aussi par son authenticité. Christophe André, y parle à cœur ouvert de la maladie qui l’a frappé il y a six ans et qui l’a amené à poser un autre regard sur la consolation.

« Comment expliquer que je ne sois pas traumatisé et anxieux de cet épisode, mais apaisé et plus heureux de vivre encore ? Peut-être parce que j’ai découvert la consolation, qui, bien plus qu’un réconfort passager, est un moyen de vivre les orages, une déclaration d’affection, une chanson douce qui remet en lien avec le monde, le monde tout entier, avec ses beautés et ses adversités », écrit-il.

Un remède à notre crainte de mal faire

Chaque semaine, je consulte l’audience de Happy End. Un des articles qui ne quitte pas notre top 10 est Envoyer un SMS de condoléances, mode d’emploi. Et il est suivi de près par d’autres comme Envoyer des condoléances touchantes. Il me fait mesurer à quel point le malheur de l’autre nous tétanise. On redoute de commettre une maladresse, un pas de côté. On se met en quête d’un prêt-à-l’emploi de la consolation.

Alors, j’ai pris ce livre comme un cadeau. Comme un remède à notre crainte de mal-faire, qui nous éloigne de nos propres émotions, et qui empêche parfois le véritable cœur-à-cœur qui fait toute la richesse du lien qui nous unit…

Dans son livre, Christophe André nous rappelle que :

La consolation est fragile et incertaine

Nos attentions ne soulageront qu’imparfaitement la peine. Elles sont parfois impuissants mais qu’importe, ils sont avant tout un acte de présence aimante. La consolation peut aussi passer par le silence. Accueillir des larmes, sans rien dire, ni fuir, c’est aussi ça, soutenir.

La consolation semble ne rien résoudre

« Sa puissance est parfois, en grande partie, invisible ». Mais parfois aussi, sans qu’on le mesure, une phrase, un geste, marque à jamais celui que l’on cherche à rassurer et il peut s’en souvenir des années après… Cette phrase l’aura porté pendant des mois, des années, sans que vous ne le sachiez. J’ai en tête les mots d’Anne Dauphine Julliand à ce sujet. Elle était assise sur le lit avec sa fille à l’hôpital, sur le point de partir. Elle tâchait de retenir ses larmes quand une infirmière est entrée. Elle ne la connaissait pas mais cette femme s’est simplement assise à ses côtés, en lui disant « je suis là ». Ces mots ont suffi à l’apaiser. Et elle en a éprouvé une grande reconnaissance.

La consolation est humble, elle sait que son pouvoir est limité

« Elle propose, elle murmure, elle est prudente », nous dit Christophe André. Evitons les conseils, les comparaisons, les théories, les injonctions… « On ne console pas au nom d’un savoir, d’une expérience, juste au nom de l’amour et de la fraternité. »

Acceptons d’avoir des mots balbutiants, parfois maladroits, de troquer notre silence par une main sur l’épaule ou une fleur déposée sur un bureau, avec un petit mot. Autorisons-nous à dire « Je suis là mais je ne sais pas quoi dire ». 

Etre privé de parole ne nous empêche pas une présence aimante, d’accueillir le silence qui nous lie face à l’inacceptable. Comme le dit si justement Tanguy Châtel, « la sincérité s’apprend, elle suppose de ne plus avoir peur de sa propre sincérité ».

Découvrez quelques lignes audio de Consolations de Christophe Faure dans cette vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=Ukqzw_FAknk

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