Bénévole en soins palliatifs : « être sans faire » est parfois impossible » !


L’accompagnement des personnes en fin de vie se caractérise souvent par une attitude très définie du bénévole en soins palliatifs : « être et non, faire ». Etre par sa présence, son écoute, sa disponibilité intérieure, ici et maintenant.

Il est certes bien plus aisé de suivre cette directive lors d’accompagnements en Structures de Soins palliatifs,  où la présence de personnel qualifié assure le Faire ….

Il en est autrement lors d’accompagnements en soins palliatifs à domicile, où le bénévole peut se retrouver seul, plusieurs heures, auprès de la personne fragile. « L’intelligence du moment », aiguisée par une situation imprévisible et compliquée, convoque impérativement le « faire »

C’était un après-midi entre Noël et Nouvel An, à Tonneins. Ce n’était pas la première fois que je me rendais chez Madame Garnier.*Âgée,  seule dans un studio en rez-de-chaussée, atteinte d’un cancer avancé au niveau du nez.

Ses enfants étaient éloignés, les plus proches (qui nous avaient contactées) vivaient dans les côteaux Agenais.

Une infirmière passait matin et soir, toilette et pansements du visage et une auxiliaire de vie venait la faire manger. Le reste du temps elle passait sa journée seule, dans un fauteuil et quasi dans le noir car ses yeux ne supportaient plus la lumière du jour…..

Nous devions arriver en début d’après-midi et rester jusqu’à l’arrivée de l’auxiliaire de vie dont l’horaire était irrégulier.

Bénévole en soins palliatifs : une visite qui ne se passe pas comme prévu

Donc, ce jour-là,  après avoir ouvert les deux portes d’entrée  -Mme Garnier* était enfermée à clef. Je l’ai trouvée presque à terre, le dos calé contre le rebord du siège du fauteuil, la couche-culotte à moitié retirée,  le seau hygiénique placé à côté, ouvert. Elle pleurait. L’eau gélifiée était répandue par terre, le verre renversé sur une petite table. Il y en avait partout,  autour de ses pieds qu’elle agitait vainement pour se relever. Elle avait mal aussi, visiblement.

Devant un tel « spectacle » , on EST ou on FAIT ? ON ne réfléchit pas longtemps je vous assure : on agit ! Et les premiers gestes, même si ON fait mal et maladroitement, sont de relever la personne, de la prendre dans ses bras, de la consoler et de l’installer le mieux possible…

Mme Garnier m’a entendue, elle s’est aussitôt accrochée à mon cou, ne voulait plus me lâcher, m’embrassait malgré la gêne de son gros pansement … J’essayais de ne pas glisser sur l’eau gélifiée…Je l’ai changée et mis une culotte sèche quand enfin tout fut remis en ordre,  je l’ai longuement câlinée, front contre front,  en chantonnant.

Ce n’est que bien après, que j’ai ramassé comme j’ai pu tout ce gel avec de l’essuie-tout. Mme Garnier s’était endormie dans son fauteuil.


Il fallait agir pour son bien-être avant de lui offrir mon écoute

Et là, j’ai réalisé que je n’ai pu lui donner de ma présence, de mon écoute, qu’après avoir FAIT : tous ces gestes posés pour son confort ! Et encore …

Il y a UN geste que je n’ai pas osé faire en tant que bénévole en soins palliatifs : arranger son pansement. Il était sale, à moitié défait, la gênait beaucoup et montrait un énorme trou béant et des croûtes…mais cela, non, je ne l’ai pas fait ! …

Une telle situation, dans une chambre d’EHPAD : le bénévole appelle le personnel, c’est évident ! Il attend que « tout » soit rétabli et, après, oui, il peut ETRE auprès de la personne

Quand l’auxiliaire  de vie est arrivée, trois heures s’étaient écoulées… Je ne m’en étais pas du tout rendu compte.

Je suis rentrée chez moi, bouleversée par ces moments ; c’était pourtant loin d’être mon premier accompagnement à domicile.

* Le nom a été changé.

Ce témoignage a été rédigé par une bénévole d’Alliance 47  de Marmande

Ecoutez L’homme étoilé, infirmier en soins palliatifs qui raconte sa vie en BD sur Instagram dans le podcast de Happy End 

Vous souhaitez devenir bénévole en soins palliatifs, consultez le site de la SFAP

Lire aussi :

 


Fin de vieSoins palliatifs