Une forêt cinéraire pour reposer en pleine nature


Du point culminant de la forêt, un hêtre majestueux surplombe ses congénères. Autour de son tronc, une petite feuille de bois tenue par une cordelette, porte le nom d’un petit garçon. Cet enfant, c’est le frère d’Elia Conte Douette, initiatrice du projet de la première forêt cinéraire de France. Cette experte en développement durable n’a pas eu la chance de connaître son frère, parti trop tôt. « Il fallait que je ritualise » confie-t-elle. « Aller au cimetière me recueillir sur sa tombe était impossible pour moi. J’avais besoin d’un lieu de recueillement où je me sente bien. A force de ne pas le trouver,  je l’ai moi-même créé. » C’est ainsi qu’en mai 2019, elle fonde la société Cime’tree et lance le projet d’une parcelle dédiée aux défunts, dans la forêt de la Fontaine de l’Ours d’Arbas .

Une forêt cinéraire pour enterrer les cendres funéraires

Inspirée de modèles allemands, la forêt cinéraire permet d’inhumer des cendres de défunts, au pied d’un arbre, en pleine forêt. Une alternative au cimetière traditionnel et une façon de préserver 40 arbres de l’exploitation sylvicole. En effet, dans ce lieu sanctuarisé, les arbres peuvent s’épanouir tout au long de leur longue vie, sans risquer d’être coupés pour leur bois. Des personnes de tous âges, en quête de nature et de simplicité, y ont déjà réservé un emplacement. Ils peuvent choisir l’hêtre ou le sapin, sous lequel leurs proches ou eux-mêmes reposeront.


Les arbres lumières pour les enfants disparus

Le hêtre, situé en amont de la forêt, accueille des hôtes spéciaux. C’est un « arbre lumière » consacrés aux jeunes enfants. Certains parents n’ont pas de lieu pour se recueillir, faute de corps. « Nous voulions donner une place à l’enfant disparu, le nommer, marquer l’endroit, » explique la fondatrice de Cime’tree, elle-même dans ce cas avec son frère. Les familles peuvent alors déposer autour de l’arbre le nom et le prénom de l’enfant écrits avec la date de naissance et de décès sur une feuille en bois.  Nommer cet être cher est un acte symbolique fondamental pour les parents endeuillés.

Lire aussi : Quel texte lire à l’enterrement d’un enfant ?

La préservation de la nature au premier plan

Ici, les urnes en carton sont proscrites. Elles modifieraient la composition du sol en se dégradant. Le sol de la forêt d’Arbas regorge de galeries souterraine et cet environnement sensible doit être préservé. Seules des urnes en lin biodégradables, vendues par la société Cime’tree, sont autorisées dans cette forêt cinéraire. « C’est avant tout pour une question de traçabilité, aussi bien de la composition que de provenance », nous explique Elia Conte-Douette. « Des urnes en bambou venues de l’autre bout de la planète, ce n’est pas très éco-responsable. » Pour marquer les emplacements, pas de marbrerie non plus. Les visiteurs ne se repèrent que par un code couleur sur les arbres, comme sur un sentier de randonnée. Et, une étiquette en bois indique le nom du défunt.

D’autres forêts cinéraires en France ?

L’implantation d’un cimetière en pleine nature ne relève pas de l’évidence. Juriste de formation, Elia Conte-Douette a étudié en profondeur la légalité du projet. En principe, les cimetières doivent être clôturés, or la forêt est un lieu ouvert. Et depuis 2008, la loi interdit la création ou l’extension de cimetières privés. Pour réaliser son rêve, Elia a alors convaincu la commune d’Arbas d’étendre le cimetière communal à la forêt. Ce projet découle d’une collaboration entre Cime’tree et les autorités publiques. D’ailleurs la société a déposé le terme « forêt cinéraire », à la demande de la commune d’Arbas, afin de créer un label et d’exiger une rigueur environnementale aux futurs projets. L’avenir de nos défunts repose donc sur la volonté des communes de nous offrir des lieux de recueillement apaisants.

En France, il existe aussi des cimetières écologiques. Lisez notre article pour en savoir plus 


CimetièreCimetière vertÉcologieUrne
Commentaires ( 4 )
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  • Michel Petit

    Que puis-je faire pour que se développe cette option en France et que cela devienne légal ?

    • Sarah Dumont

      Bonjour Michel

      Pour l’instant, il n’existe pas d’action commune sur ce sujet.
      Mais peut-être pouvez vous vous rapprocher de Elia Conte, qui a créé la première forêt cinéraire.

      Cordialement
      Sarah Dumont

  • L’humusation : une alternative funéraire écologique | Tell me more

    […] En France, seules l’inhumation et la crémation sont autorisées par la loi. Il n’existe pas d’autres pratiques. L’humusation est donc très peu connue, même à l’international. Si bien que le mot ne fait pas encore partie du dictionnaire des outils de traitement de texte comme Word. L’humusation, c’est l’action de transformer le corps du défunt en humus, c’est-à-dire en compost, grâce à l’action combinée des sols, des animaux et des bactéries. L’idée est de déposer le corps à la surface de la terre sur un lit végétal, et le recouvrir de 2m3 de copeaux de bois, de feuilles mortes et autres éléments naturels qui favorisent la décomposition. La dépouille est alors simplement entourée d’un linceul biodégradable. Ainsi en un an, le défunt devient du compost sain et très fertile, dont la famille peut se servir pour faire pousser des plantes, par exemple. Des “jardins” clôturés et protégés seraient dédiés à ce type de funérailles, à l’image des forêts cinéraires. […]

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