Suicides dans la police : une note prônant plus de convivialité crée la polémique


Face à une vague de suicides au sein de la police, Eric Morvan, directeur de la police nationale, a transmis aux chefs de service une note appelant à davantage de « convivialité » pour lutter contre le suicide dans la police. Dans celle-ci, il demande aux cadres d’organiser des activités périphériques comme des « barbecue, sorties sportives ou pique-niques » avec les policiers et leurs familles. Un document qui suscite de vives réactions.

Le suicide au sein de la police : des chiffres affolants

Selon un rapport sénatorial de juin 2018, le taux de suicide dans la police est supérieur de 36% à celui du reste de la population.  Les chiffres sont affolants : depuis début 2019, 31 policiers ont mis fin à leur jour ! Cette recrudescence des passages à l’acte fait craindre une « année noire » comme celle de 1996 avec ses 70 suicides, un record jamais égalé jusque-là. Face à ce phénomène et après de nombreux appels d’alerte des syndicats aux autorités, Eric Morvan a rédigé une note intitulée « Promotion de la convivialité dans les services de police ». Le but est de renforcer l’idée d’appartenance à un corps, l’identité collective et de retisser du lien social pour éviter l’isolement et les « idées noires » qui conduiraient au suicide.


Les points clés de cette note sur le suicide dans la police

La note du directeur de la police promeut cinq points clés pour recréer l’identité collective de la police et lutter contre le suicide. Le premier point, celui qui a engendré les plus vives réactions des syndicats, concerne l’organisation d’activités : « des temps collectifs de loisirs autour d’un barbecue, d’une sortie sportive ou d’un pique-nique. ». Cette note promet également un soutien aux associations de policiers afin de « renforcer la cohésion ».

Pour montrer la reconnaissance du travail réalisé, la note préconise la création de moments solennels tout au long de la carrière des policiers (arrivées, promotions, retraites…). Ces recommandations concernent également des lieux créateurs de lien social : les espaces de restauration devraient ainsi être créés et remis en état pour ceux existants. Pour finir, le nouveau réseau social « R@dio police » devrait servir de « lieu d’échange et d’informations sécurisé » selon le document. Une « enveloppe financière annuelle » est chargée de servir à ces changements.

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Une réponse incomplète voir complètement à côté de la plaque selon les syndicats

Selon le syndicat Unité SGP Police FO, les dispositions sont insuffisantes et Yves Lefèvre, secrétaire général, s’insurge sur France Info : « Si on peut penser un seul instant que de faire des barbecues et des pots, va résoudre le profond malaise dans la police nationale, on est dans la philosophie là, on n’est pas dans la réalité ». Ce syndicat, ainsi que tous les autres, réclament une étude plus approfondie des causes du suicide dans la police afin de trouver une réponse plus réaliste et appropriée à la situation. Selon ces représentants des forces de l’ordre, les policiers ont besoin de retrouver du sens à leur métier et d’être protégés aussi bien physiquement que psychologiquement.

Face au surmenage, à la confrontation permanente à la violence, à la crise sociale des gilets jaunes et à l’isolement, c’est un véritable remaniement des pratiques managériales qui doit être proposé et non des pique-niques en familles selon les syndicats mécontents. D’autre part, cette note reprend une partie des propositions de Gérard Collomb, ancien ministre de l’Intérieur , qui n’avaient pourtant pas réussi à faire reculer la vague de suicides.  Les syndicats ne sont donc pas satisfaits et demandent des réformes en profondeur pour lutter contre le mal-être des policiers.

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