« Les Soupirantes » : elles chantent nos morts et réchauffent le cœur des vivants


Constitué d’une dizaine de femmes de 26 à 76 ans, l’ensemble vocal « Les Soupirantes » prête sa voix lors de cérémonies funéraires. Originale, cette initiative qui a vu le jour en Belgique ramène de la chaleur humaine à l’occasion du dernier adieu.

Chanter lors de cérémonies funéraires

Inévitablement, elles ont toutes été confrontées à un deuil dans leur vie. Pour sa part, Florence, chanteuse du groupe, a été amenée à travailler sur le sujet de la mort avec des publics variés. Elle a aussi été sollicitée plusieurs fois pour chanter à des funérailles. Ça se passait toujours au pied levé, c’était souvent les mêmes chants et pourtant chaque fois, il lui semblait que sa contribution était d’un grand réconfort.

Les Soupirantes, en écho aux pleureuses d’autrefois

Bien que spécialisé dans les créations théâtrales pour le jeune public, le groupe a eu envie de devenir aussi un ensemble vocal pour cérémonies funéraires. L’idée des « soupirantes » est venue en écho aux pleureuses d’autrefois. Le mot « soupirant » entrait en résonance avec l’empathie qu’elles éprouvent pour les personnes qui traversent un deuil.

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Catalyseur d’émotions

Les artistes se sont découvert une envie commune de chanter hors de la scène, persuadées que leur rôle pouvait englober de nombreuses voies dont celle d’être passeur de mots, catalyseur d’émotions. Il leur semble nécessaire d’intégrer la mort et le deuil à la vie, plutôt que d’être dans le déni de notre mortalité…« Travailler sur la mort, c’est aussi une manière de l’apprivoiser, éternellement, jusqu’à notre propre mort », ajoutent-elles.

Les Soupirantes

Classiques, pop… Les Soupirantes proposent un répertoire varié

Elles proposent des chants a capella et en polyphonie : classiques, pop ou traditionnels, religieux ou profanes (toujours poétiques). Leur répertoire de base est religieux, elles chantent en grégorien ou en vieux slavon, mais elles ont aussi des chants laïques en français ou en anglais. Il leur arrive d’apprendre de nouveaux chants à la demande des familles, ou de lire des textes, tout simplement lorsque les proches n’en ont pas la force. « C’est un merveilleux cadeau » que de pouvoir leur prêter leur voix, confient-elles. Elles ont conscience que leur présence peut déclencher les larmes refoulées car la vibration des chants touche les êtres au plus profond.

« C’est si bon de pleurer quand on a du chagrin. Si on ne peut pas pleurer à des funérailles, où peut-on le faire ? ».

Elles chantent aussi bien à l’église qu’au crématorium

Chaque cérémonie est différente. Dans une église, c’est assez codifié, les chants prennent facilement leur place dans le canevas habituel. Dans un crématorium, c’est un peu différent, tout est à inventer. Et il y a toujours le souci du temps à gérer (les familles ne savent pas qu’elles peuvent demander un temps plus long). Pour l’instant, elles ont peu de demandes pour des cérémonies laïques. Mais elles pensent qu’il y a pourtant beaucoup à faire, à inventer. Elles ont par ailleurs participé à plusieurs cérémonies collectives en mémoire des défunts de l’année qui n’ont pas pu être entourés en raison du Covid-19.

L’intervention coûte de 300 € à 600 € selon la demande. Et il s’agit d’un défraiement plutôt que d’un cachet, car en Belgique les gens peuvent déduire les dépenses liées aux obsèques des frais de succession.


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