L’arrêt des soins de Vincent Lambert, euthanasie ou sauvetage d’un acharnement thérapeutique ?


L’arrêt des soins et la sédation profonde et continue de Vincent Lambert, en état végétatif depuis 2008, viennent de commencer ce matin. Après dix ans de bataille judiciaire, cette décision est entrée en application malgré le rassemblement de 150 personnes hier, devant le CHU de Reims où il est hospitalisé. Ses parents et deux de ses frères et sœurs continuent de se battre contre cette décision. Les parents, dénoncent même une « euthanasie déguisée ».

Autour de cet homme, voilà des années qu’une famille se déchire, des médecins se contredisent et que les recours en appel pleuvent. Le 24 avril dernier, le Conseil d’Etat et la Cour européenne des droits de l’Homme ont justifié l’arrêt des soins mais le Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU a exigé qu’ils soient maintenus.

Une crise qui dépasse l’affaire de famille

Plus qu’une crise familiale, ce cas pose d’importantes questions morales, sociétales et judiciaires. En effet, Vincent Lambert est dans une grande dépendance pour se nourrir et s’hydrater mais il ne se trouve pas dans un état comateux et n’est pas « branché » pour être maintenu en vie. Cette décision remet au premier plan la question de l’euthanasie, de la fin de vie et du regard que l’on porte sur la dépendance. A partir de quand un tiers peut-il être maître du sort d’autrui ?

Pour ses parents comme pour d’autres personnalités c’est « une folie » d’arrêter les soins maintenant. Ainsi, François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes, disait ce matin sur France Inter : « Nous avons parfois la tentation de considérer que la vie absolument dépendante est une vie qui n’est plus digne d’être vécue. Il n’y a pas de vie indigne d’être vécue », et encouragent ainsi le Président Emmanuel Macron à réagir dans les plus brefs délais.

En Belgique, c’est d’abord la compagne qui décide

De son côté, Rachel, la femme de Vincent Lambert tente de faire respecter les volontés d’un homme qui, selon elle, n’aurait jamais souhaité rester dans cet état de conscience minimale plus longtemps. « En Belgique, dans un cas comme celui-ci, c’est d’abord la compagne qui décide, après ce sont les enfants adultes s’il y en a. S’il n’y a pas d’enfants adultes, ce sont les parents. Cela veut dire que c’est la compagne qui doit avoir le premier mot sur cette fin de vie. », rappelait Yannick Jadot, tête de liste Europe Ecologie aux élections européennes sur LCI. Benoit Hamon, fondateur de Génération.s et tête de liste aux élections européennes, sur Sud Radio ce matin disait quant à lui comprendre « que des francaises et des francais n’aient pas envie de vivre avec une forme de prison qui est celle d’un corps qui ne répond plus au cerveau ».

L’arrêt des soins de Vincent Lambert, la fin d’une obstination déraisonnable ?

Les défenseurs de l’arrêt des soins : une partie de la famille, certains médecins et anonymes, se basent sur la juridiction actuelle et la loi Claeys-Leonetti, loi du 2 février 2016. Principal repère juridique sur la question, elle stipule que « les actes médicaux ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable » et que la « prolongation artificielle de la vie » du patient est formellement interdite y compris lorsque le patient n’est pas en mesure de s’exprimer sur le sujet. Vincent Lambert n’ayant laissé aucune directive écrite, l’équipe médicale est donc responsable du choix de son maintien en vie ou non.

Pour certains, le cas de Vincent Lambert relève d’un acharnement thérapeutique, pour d’autres, d’un abandon et d’un « crime » mais aujourd’hui, la décision semble être sans équivoque : le processus de son décès est bel et bien lancé.

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