Un évènement, une histoire à partager à la communauté Happy End ? Je partage mon témoignage

Il ne faut pas se mentir. Le deuil ou le deuil d’un enfant n’est pas un phénomène éternel. Et si certaines maladies sont incurables ou certains handicaps irréversibles, il faut avouer que le deuil est ni l’un, ni l’autre. On parle bien d’un processus du corps et de l’esprit permettant au cerveau de se protéger et de reprogrammer notre logiciel de vie jusqu’à l’acceptation d’une absence considérée comme définitive et irréversible. Cette déferlante émotionnelle qui peut s’avérer puissante voir violente est plus ou moins longue selon les individus.

Un deuil ! Ça swingue !

Je suis Laurent, fondateur de l’association Au pays de Leonie. Je tenais à écrire ces quelques mots car je suis en capacité dorénavant de dire que j’ai été producteur d’un deuil violent. Face à moi, j’ai vu se dresser une multitude d’acteurs chez lesquels j’ai pu puiser tout ce que je pouvais comme force. J’ai donc pu endosser plusieurs casquettes car les cycles du deuil sont assez hétérogènes pour ne pas vous momifier jusqu’à attendre une fin éventuelle d’un cycle de lavage du cerveau. Un deuil ! Ça swingue !

Je rappelle pour ceux ou celles qui ne le sauraient pas, le deuil c’est d’abord des montagnes russes. Avec le déni, puis la colère, puis la dépression pour revenir très souvent à l’acceptation. Si cette mutation ne s’opère pas c’est bien que le trauma engendre de grands flux émotionnels que le corps n’est plus en capacité de gérer. Et c’est d’autant plus complexe quand notre carte mémoire fait ressurgir plusieurs blocages antérieurs au deuil.

Je dis souvent que la douleur d’un deuil est la somme de la perte d’un être cher plus qui vous étiez. Dans ce cas, l‘aide de psychologues ou de professionnels de santé est la bienvenue. Le jeu consistera à démêler la pelote de fils afin de ré-outiller notre boîte à outils. La confiance, l’altruisme, les croyances, le rêve, l’amour, le partage, l’espoir, la famille autant de grandes notions écornées par votre passé ou littéralement étouffées par le deuil. Mais la bonne nouvelle c’est que tant que vous serez vivant, rien ne se détruit. On aimera, on rêvera autrement, mais on aimera toujours. Et je crois que l’accomplissement d’un deuil est d’accepter ce champ des possibles.


Les premiers maçons de votre reconstruction

Le psy, un bon ami, un frère, une sœur vont devenir rapidement les premiers maçons de votre reconstruction. C’est pour ça que les psychiatres sont unanimes : faire son deuil isolé multiplie les risques de fortes dépressions et freine le processus de réconciliation avec la vie.

L’axe symétrique divise ce parcours en deux dès lors que votre esprit est en capacité d’abandonner un schéma du passé avec la tristesse et la mélancolie pour se tourner vers le futur avec la notion de projet et d’espoir. Écrit en 20 lignes, on pourrait croire le jeu comme facile mais ne nous trompons pas. Il est long et difficile, peut priver les endeuillés de relations sociales, de loisirs, de plaisirs, de travail… Il s’agit donc de se protéger en sachant où se placer. Voici donc ce que j’ai mis en place avec de bons résultats durant presque 4 années de cheminement :

Faciliter l’analyse de ses forces et de ses faiblesses

Ne vous surestimez pas ! Car une rechute peut faire beaucoup de dégâts ! Cet exercice est difficile car la charge émotionnelle engendrée par un deuil peut priver de discernement et empêcher un classement raisonné de nos potentiels. On fait le tri.

Se fixer des petites étapes quand c’est possible

Si vous ne travaillez plus, peut-être qu’un mi temps vous aidera à reprendre goût au travail en douceur. Step by step 🙂 On dose ses efforts.

Programmer un petit défi

Être en deuil implique souvent de se réfugier dans une zone dite de confort connue et reconnue. Gare à la procrastination ! À chaque défi atteint, refaites un focus sur une petite envie. Visez vos passions. On stimule.

Tant que possible, s’offrir des temps d’échanges

Le repli est naturel et offre une position de sécurité pour un endeuillé mais prolongée cette période peut finir par abîmer votre tête. On a besoin de se confier, de parler, de pleurer, de rire face à quelqu’un. Certaines associations le font super bien. Je pense à l’association Le Point rose ou encore aux outils et rencontres proposés par Happy end.

Accepter le changement

J’ai souvent dit il y a l’avant et il y a l’après. Se dire que votre vie prendra dorénavant un autre sens n’est pas une sortie de route. Au contraire, vous opérez une mutation indispensable. On accepte.

Enfin derniers mots pour éclairer ceux qui seraient le plus dans le noir : reprendre le contrôle. Le deuil est un moment que vous ne choisissez pas. C’est votre enfant qui part alors n’ayez pas peur de vous écarter d’éventuelles personnes toxiques. Une personne moqueuse, méchante, peu intentionnée doit sortir de votre premier cercle. On ne cherche pas les frissons mais la stabilité. Votre cerveau a besoin de se recaler.

A Leonie 🧡

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Commentaires

  • Faivret
    Faivret
    Le 28/03/23

    Magnifique témoignage.

    • Jens
      Jens
      Le 28/03/23

      Je partage entièrement votre ressenti du deuil.
      Ayant perdu mon épouse il y a deux ans, les temps d’échanges avec d’autres personnes endeuillées sont importants, bénéfiques, aidants.
      Ils permettent une connexion, d’être compris par d’autres personnes. L’entourage étant souvent defaillant.
      Mais cela permet aussi de voir et de réaliser que nous ne sommes pas seuls à traverser ce deuil.
      Puis il est important de se respecter, d’accepter de ne pas être à la hauteur, de se fixer de petit défi .
      De prendre le temps de faire face à notre perte.
      Un suivi par un profesionnel du deuil, un psychologue est d’une grande aide, un pilier, un repère dans ce que l’on vit.
      Je le recommande aussi fortement.
      Bravo pour ce témoignage que je partage entièrement.

      Jens

2 commentaires

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